En route vers Belauror

Krall tourna légèrement la tête lors que son compagnon d’aventure se mit à accélérer le pas pour venir en tête, il le regarda le dépasser puis s’arrêta lorsque l’autre se présenta. Encore taciturne, il serra la main du futur marchand et écouta ce que celui-ci avait à dire. De toute évidence sa famille de marchand lui avait apporté un tempérament beaucoup plus loquace que celui que le jeune Veinefer avait reçu auprès de la sienne. Il hocha tranquillement la tête et répondit d’une voix égale :

"Je m’appelle Krall Veinefer… Je t’écoute."

Il connaissait un peu la région, sans pour autant vraiment savoir où était ce village. Le jeune homme était en effet déjà sorti de la ville pour aller sur les rives du fleuve, pour se baigner par exemple. Il ne s’était jamais aventuré bien loin cependant, il était su de tous que des personnes peu fréquentable erraient sur les routes. Des brigands, des mercenaires, ce genre de personne qui a un don pour la violence et qui en profite pour s’enrichir de vilaine façon. Lui n’était pas de ceux-là, en effet Krall n’avait pas vraiment de talent pour la violence et il n’avait pas pour but de devenir voleur et de détrousser des bonnes gens. Non, c’était la Justice qui le guidait en ce moment ! Oui, la volonté divine l’avait mit sur cette route ! Le sourire aux lèvres, le jeune homme assez peu bavard avançait sur la route de terre tout en attendant tranquillement de savoir ce que son camarade avait à lui proposer en termes de tactique. Autant le dire, lui n’était pas vraiment intelligent, ni même courageux d’habitude. Il était tout sauf un héros ou un spécialiste du combat. Il n’était ni garde, ni mercenaire, ni quoi que ce soit qui puisse se rapprocher d’un maître d’arme. D’ailleurs il n’était même pas armé. La seule arme dont il disposait vraiment c’était sans aucun doute sa volonté, celle qui venait tout juste de se révéler et qu’il espérait être autre chose qu’une illusion. Car il aurait été mal venu de se rendre compte qu’il était incapable de bravoure une fois cerné par les bandits. Il espérait d’ailleurs que ceux-ci n’étaient pas trop dangereux. Des imbéciles un peu déroutés par une vie trop dure pourraient être affrontés… De solides hommes en armure par contre, ça serait une autre affaire. De plus il fallait espérer qu’ils ne tomberaient pas sur des hommes qui n’étaient pas ceux qui le chercher et qui souhaiteraient les dépouiller… Car le peu d’argent qu’il avait lui serait nécessaire pour pouvoir se nourrir ! Il se préparait au pire, et pourtant il continuait à voir les choses d’un œil assez optimiste. Au fond de lui il s’obligeait à être plus résistant qu’il pouvait le paraître au premier abord. Car sinon le signe des dieux serait perdu, leur bienfaisance serait gâchée et c’était là un bien trop grand sacrifice à ses yeux. En effet, lui qui n’avait jamais vraiment eu de chance, il espérait bien réussir à être heureux en trouvant cette voie du métier d’arme qu’il poursuivait déjà depuis plus d’un mois et dont il avait toujours un peu rêvé comme beaucoup d’enfants. Il ne voulait pas entrer dans la garde où la hiérarchie serait trop lourde à porter, non, il voulait être libre d’exercer son art du combat ainsi qu’il le souhaitait. Un mercenaire pouvait faire ça… Il espérait en devenir un ! Et même être bon pour ça ! Mais rien n’était joué pour le moment. Il avait encore tout à gagner, mais aussi beaucoup à perdre…

Le jeune homme observa tranquillement le fleuve qui coulait à côté d’eux. Il était reposant que de voir de l’eau tombait ainsi de manière éternelle sans que jamais rien ne semble l’arrêter. Un petit sourire aux lèvres, Krall s’imagina ce qu’aurait put donner cet endroit sans les horribles ronces qui jonchaient le bord de la route là où ils marchaient en cet instant. Comme un enfant, il s’imaginait en train de courir vers l’eau pour y nager un peu. Et pourquoi pas en jouant avec d’autres enfants ? C’était une époque qui lui manquait, aujourd’hui les choses n’étaient plus aussi simples. Il fallait faire face à la nécessité de l’argent, il fallait bien paraître, faire attention à ce que l’on disait et à qui on le disait. Tout était contrôlé, jugé puis stocké sous la forme d’une rancœur ou d’un jugement de valeur. Il recommençait à laisser s’embourber sa pensée dans les méandres de la tristesse lorsque soudain il revint à la conversation. "Es-tu déjà venu ici ?" Il réfléchit un cours instant et regarda son interlocuteur…

Un type bavard, il était déjà reparti dans ses péroraisons orales, comme s’il s’efforçait de trouver une solution à toutes les issues possibles. Krall le laissa faire, regardant devant lui, depuis la route jusqu’à l’horizon… Il n’y avait pas à dire, Delari parlait beaucoup… Mais bon, ça n’était pas vraiment pour déplaire à l’aspirant aux métiers d’armes, ça lui permettait de s’occuper l’esprit. Enfin bientôt le flot de parole de son compagnon de route s’arrêta et il put enfin se tourner de nouveau dans sa direction pour lui répondre :

"Je ne connais pas Belauror, pas plus que je ne connais la route qui y mène, mais avec les indications du prêtre nous ne devrions avoir aucun mal."

Tout du moins il l’espérait… Il aurait été fort dommage de devoir faire demi-tour pour n’avoir pas su trouver l’endroit. Après tout il était bien possible qu’ils se perdent, dans le doute Krall observa tranquillement autour de lui… Non, mieux valait ne pas trop s’en faire, pour le moment il fallait avancer tout en restant attentif aux alentours, non seulement parce qu’il était possible que des brigands les attaquent mais aussi parce qu’il ne fallait pas louper le village… Enfin bon, puisqu’ils avaient le fleuve à leur gauche à portée de vue, il ne devrait pas être bien difficile de trouver la rivière qui venait s’y jeter ! Et de là ils n’auraient plus qu’à la longer pour trouver le village de Belauror. Bref, dit comme ça, là n’était pas le problème. C’était plus la manière dont ils allaient devoir reprendre l’offrande qui risquait de l’être.

"S’ils sont hérétiques, pas de culpabilité, pas de peur de châtiments non plus… Mais soit, tu parleras."

Ainsi soit-il… Delari ferait le négociateur et lui le gros bras… Bien qu’il n’en ait pas toutes les caractéristiques physiques. En effet, ce jeune homme n’était pas un modèle de combattant, il n’était pas particulièrement robuste, pas particulièrement rapide… Il était assez fort par rapport à quelqu’un qui ne ferait rien de ses bras, mais il ne l’était pas face à quelqu’un qui avait pour habitude de manier les armes et de marcher en armure. Mais l’optimisme était toujours présent, oui, c’était les Dieux qui le guidaient. Un sourire apparut sur son visage alors qu’il avait cette pensée, un sourire un peu niais, certes, mais qui montrait bien qu’il ne se lamentait plus. C’était un bénéfice en soit… Rester à savoir si ce bénéfice serait suffisant si les choses tournaient mal pour eux.

De toute évidence son collègue était totalement étranger à la condition des paysans… Il fallait bien le dire, Krall aussi n’avait jamais connu ce difficile train de vie, étant le fils d’un forgeron et d’une tisserande. Travailler la terre était une tâche ardue, il fallait labourer les champs, les ensemencer, les sarcler, puis faire les récoltes. Les hommes comme les femmes et les enfants étaient de la partie. Les petits se contentaient bien souvent de s’amuser aux côtés de leurs parents, le rapt de bambin étant loin d’être inexistant dans les petites bourgades de ce genre… Les hors-la-loi qui vivaient cachés dans les bois ou dans des villages qui n’appartenaient qu’à eux avaient des goûts parfois odieux qui comprenaient les enfants. Lorsqu’il ne s’agissait pas d’en faire des esclaves ou de bons voleurs puisque les mains des enfants étaient fines et agiles. Ses parents lui avaient trop souvent répéter la chance qu’il avait de vivre dans une famille telle que la leur dans la Sainte Ville pour ne pas savoir ce genre de choses. A voir la maison en bois au milieu de la ville, il devait y avoir un bailli. Une sorte de gérant des terres qui s’assurait que l’impôt soit correctement collecter et qui servait de juges lors des conflits entre paysans.

"On devrait commencer par interroger le bailli. C’est la personne la plus responsable ici…"

Le jeune homme dans son trop peu de réflexion omettait de dire que c’était aussi la personne la plus aisée ici. Celle qui faisait souvent l’objet de jalousie, ce qui l’empêchait de se lier aux paysans et de les prendre en pitié. Celui qui était donc la plus prompt à la trahison… Mais d’un autre côté c’était aussi celui qu’on avait le moins de chance de mettre au courant puisque les paysans étaient tout à fait au courant qu’il n’hésiterait pas à tout révéler… D’un autre côté si les voleurs n’étaient pas des paysans mais volaient les paysans, il serait au courant puisque c’est vers lui que les paysans se tournaient pour réclamer justice. Tout ça, Krall n’y pensait pas vraiment, à ses yeux c’était lui qui avait la responsabilité, un peu comme un chef de famille, donc c’était à lui qu’il fallait demander. Il ne pensait pas à tous les états de cause à effet, il se contentait de réagir vis-à-vis du rôle que devait jouer cette personne. D’autant plus qu’il s’agissait d’une affaire religieuse, tout bon responsable devait se montrer pieux et croyant. Il fallait être dévot pour bien diriger dans ce pays où les Dieux surveillaient chacun de leurs faits et gestes. Oui… La preuve en était la situation présente. Des hommes avaient volés les Dieux et ceux-ci l’avaient mis sur le chemin de ces prêtres qui lui avaient confié la mission de les châtier. Sans trop attendre et sans trop réfléchir, le jeune homme avança d’un pas décidé en direction de la maison de bois… Il espérait bien que son camarade le suivrait de près puisqu’il valait mieux avoir l’air soudés face à des gens qui l’étaient bien souvent par obligation. Les querelles de paysans n’étaient pas rares, souvent motivées par des problèmes passionnels ou par des soucis de succession… Mais en règle général ils arrivaient toujours à se retrouvés amis face à des citadins ou face à l’autorité. Parce que c’était leur seul moyen de survivre quand bien même on essayait de le leur interdire. Et puis Krall n’oubliait pas que sans ces gens, il ne pourrait pas acheter au marché la nourriture qui lui permettait de vivre quand bien même cela lui coûter de l’argent. Rester encore à savoir si ces gens n’étaient pas des voleurs impies… Auquel cas il devrait revoir son jugement.

Krall fut heureux de voir enfin approcher quelqu’un après les quelques minutes d’attendre qui suivirent son arriver face à la maison du bailli. A le voir il était difficile de ne pas le reconnaître comme étant l’homme qui assumait cette fonction. En effet, les paysans se permettaient rarement d’avoir un tel embonpoint et encore moins de venir en ville lors de la journée alors qu’il fallait travailler les champs. Lui par contre ça ne semblait pas le déranger… Il se présenta… Puis soudain se jeta au sol tel un enfant apeuré. Krall déglutit difficilement, assez mal à l’aise d’être la cause d’un tel état. Il ne savait trop que faire, pas vraiment douer pour parler aux gens ni interagir avec eux il ne savait pas comment réparer les choses. Comment faire comprendre à cet homme qu’ils ne lui feraient pas de mal et qu’il n’avait plus rien à craindre des paysans. Oui, ils se contenteraient de prendre l’offrande et de quitter les lieux avec lui pendant que les paysans étaient aux champs, ils se réfugieraient à Muni’Mura et lorsque la garde possèderait assez d’unités disponibles ils viendraient reprendre le contrôle du village. Oui, c’était un bon moyen d’arranger les choses… Mais Krall n’eût pas le temps de faire un pas dans la direction d’Altoin, en effet son camarade venait de le devancer sans aucun problème, approchant du bailli avec détermination. Il le prit même par les épaules et commença à lui parler. Le jeune homme se raidit un peu lorsqu’il entendit qu’on parlait de lui. Cacher des cicatrices ? Oui, ses cheveux lui permettaient de cacher son visage, mais c’était pour masquer sa laideur et non pas des marques de combat… Delari l’avait bien vu tout à l’heure dans l’église alors qu’il avait prit soin de ne pas avoir les cheveux devant les yeux pour s’adresser aux prêtres… Alors comment pouvait-il se tromper ? Après un moment une petite cloche sonna dans le crâne de l’adolescent… Mais oui ! Il ne se trompait pas ! Non, il était simplement en train de mentir, comme il l’avait fait plus tôt dans l’enceinte du saint bâtiment. Mais pourquoi faisait-il ça ? Il ne comprenait pas… Quoi que… Oui ! C’était donc ça. Il ne le croyait pas, le fils de marchand pensait que le bailli était en train de leur mentir. Il croyait qu’il était en train de leur tendre un piège. Il pensait que l’homme était l’auteur du méfait et non pas les paysans. Mais pourtant cet homme avait la meilleure position du village, il avait même du pouvoir au sein de celui-ci puisque c’était lui qui régler les conflits. Alors pourquoi ? Pourquoi faisait-il ça alors qu’il n’était pas dans le besoin. Non, ça ne se tenait pas aux yeux du jeune homme aux cheveux d’ébène. Il ne pouvait décemment pas être le coupable, il n’avait pas besoin, son ventre le montrait bien. Il mangeait à sa faim, il avait de l’argent, alors pourquoi offenser les Dieux ? Enfin bon, son camarade semblait en être plus sûr que lui, et Krall était bien décidé à punir les mécréants qui avaient fait ça. Il s’avança alors tout en croisant les bras comme il avait vu son père le faire parfois devant des hommes qui refusaient de payer pour les pièces d’armure qu’il leur avait forgés… Bizarrement les gens se retrouvaient bien plus enclins à payer lorsqu’ils étaient face à une personne imposante. Lui ne l’était pas vraiment, mais d’un autre côté il pensait pouvoir avoir le dessus s’il se battait contre ce bailli à l’air peu combattif. Et puis Krall n’était pas vraiment décidé à se faire duper sans être prévenu… Il se félicita du choix des Dieux quant à la personne avec qui ils l’avaient envoyé en mission. Finalement il était bien utile, quand bien même il ne semblait toujours pas enclin à se battre.

Krall remarqua sans peine le soudain changement d’attitude de cet homme qui venait de passer d’un homme effrayé par la perspective d’être livré aux dieux à celle d’un homme qui craignait le châtiment de ses semblables. Lui qui disait un peu plus tôt qu’il était terrorisé par les paysans était à présent terrorisé par le duo qu’ils formaient… Pourtant il était question de mettre à mal les coupables et non pas de le mettre à mal. Alors pourquoi ? Le jeune homme fronça les sourcils avant de comprendre finalement, mais oui ! C’était lui qui était accusé d’être coupable, c’était donc vers lui que se tournaient les menaces et bientôt Delari le souligna ouvertement en faisant référence à la punition qui attendait tous les voleurs… Avoir les mains tranchées. Après une telle punition on n’obtenait plus jamais la confiance de personne, il était d’autant plus difficile d’avoir un travail. De plus les paysans non plus n’acceptaient pas les personnes à qui on avait tranché la main, quand bien même ils n’avaient pas grand-chose à se faire voler, on ne travaillait qu’à moitié sur les champs avec une seule main… En somme ça faisait un poids mort qui réclamait quand même sa part. Au final c’était toutes les relations sociales qui s’effondraient lorsqu’on était déclaré et jugé comme étant un voleur. Pour quelqu’un qui avait de l’argent et du pouvoir à la façon de cet homme c’était plus terrible que d’être menacer de mort, ça ne faisait aucun doute. Oui, il apparaissait comme évident à présent que le jeune Dyrwenth apportait beaucoup à ce duo. Krall s’il avait été seul serait à cet instant même dans la cave de l’homme. Encouragé par l’attitude sans équivoque de son compagnon, l’adolescent avança encore plus les bras toujours croisé et donna un petit coup de pied dans le flanc d’Altoin afin de le faire réagir à la menace.

Krall observa le petit homme se mettre à soudain froncer les sourcils, changeant de ton et d’attitude pour se faire presque menaçant, annonçant qu’il ne serait jamais traîné devant la justice… Et bien soit, il avait le droit d’être sûr de lui mais n’était pas vraiment en position de choisir ce qui allait advenir de lui. Le jeune homme ne chercha pas plus longtemps à comprendre. En effet deux hommes venaient de sortir d’une des maisons. Il s’élança avec vigueur dans leur direction, bien décidé à en découdre. Intérieurement il ne priait pas les Dieux, il les remercier !

"Merci, mes Dieux, pour cette occasion de combattre enfin… Merci… Krall, ceci est une offrande à ta gloire, je t’offre ce combat !"

Il ne parlait pas, gardant son souffle pour agir, il s’était entraîné et savait que bouger demander d’avoir de l’oxygène. En conséquence mieux valait qu’il évite de parler, ce qui n’était pas son fort, et qu’il se concentre sur ce qu’il avait à faire. Krall en était presque venu à se briser les mains lorsqu’il s’était entraîné un jour sur un arbre… Il attendait de voir ce que feraient ses poings une fois qu’ils auraient atteints un crâne ! Et c’était bien là l’occasion de le savoir. Un large sourire aux lèvres il se précipitait dans la bataille, il atteignit bientôt l’un des assaillants et ne tarda pas à lui révéler ses projets. Le Somte lança un poing brutal et rapide en direction du visage de son adversaire. Il ne cherchait pas vraiment à se protéger, comme le faisait son camarade, mais rester tout de même attentif aux mouvements d’armes du gaillard qu’il venait de tenter d’attaquer… Rester à savoir si ses assauts seraient efficaces. Il restait immobile devant son adversaire, essayant de prévoir le mouvement que celui-ci allait accomplir afin d’essayer de l’esquiver…

Le jeune homme remarqua sans peine l’aide que tentait de lui apporter Delari. Sans plus attendre il s’avança vers l’homme au gourdin qui avait frappé son camarade et lança tout son poids dans sa frappe, tentant de l’atteindre à l’estomac de façon à le faire plier vers l’avant, ce qui lui permettrait de le frapper sans risquer d’atteindre son collègue. Il utilisa pour se faire un coup de poing circulaire dont la trajectoire, et la forme que ça donnait à son bras, rappelait étrangement un crochet… Sans doute aurait-ce été un bon nom à donner à cette façon de frapper ! Il visa la tempe de son adversaire, se disant que frapper à la tête serait toujours plus efficace. Après tout plus nombreux étaient ceux qui survivaient à un coup d’épée dans le ventre que ceux qui survivaient à un coup d’épée dans la tête. Il aurait été étrange qu’il en soit autrement pour les coups de poing. L’adolescent attendait d’être sûr et certain que les choses étaient terminées… Là il pourrait se reposer un peu, en attendant ses muscles étaient bandés et prêts à recevoir un coup et son regard se portait avec insistance sur l’homme au gourdin… On ne sait jamais ce qui peut encore nous frapper avant que ça nous frappe réellement ! Il échangea un regard avec Dyrwenth pour lui communiquer toute la sympathie qu’il avait à son égard en cet instant et lui offrit un petit sourire avant de retourner son attention sur les assaillants. Il était extatique, le combat lui plaisait vraiment. Il n’y avait rien à redire là-dessus ! La voie qu’il poursuivait était bien celle dont il rêvait ! Oui, il avait envie de devenir combattant, aujourd’hui plus que jamais ! Et merci Krall !

La pression retomba… L’ambiance de combat s’éloignait, vidant peu à peu le jeune homme de ses forces… Non ! Non, il ne voulait pas. Il ne voulait pas que cette sensation parte déjà ! Serrant les dents il contracta ses muscles en espérant que ça aller revenir. Mais ça ne voulait pas. Il écouta alors son camarde lui demandait de ligoter les deux hommes… Mais où trouver de la corde dans un village qu’il ne connaissait pas ? Il serra les dents… Non, il voulait encore de cette énergie chaude et réconfortante, celle qu’il avait senti l’envahir durant le combat. Il regarda autour de lui… Delari, Altoin, les deux hommes. Il entendit son collègue en train de menacer l’homme qui avait tenté de les piéger. Il sentit alors l’énergie revenir très légèrement. Il eût alors un grand sourire, oui, il avait trouvé le moyen de faire revenir cette sensation de puissance si plaisante ! Ces hommes étaient des hérétiques ! Ils ne méritaient pas d’exister, les Dieux étaient furieux contre eux… C’était pour ça qu’il avait tant besoin de sentir de nouveau cette énergie, celle dont les divinités étaient sans doute à l’origine. Oui, une sainte énergie ! Le regard de Krall tomba alors sur la pioche, il sourit de plus belle, d’une façon presque carnassière. Il regarda de nouveau le petit bonhomme au nez brisé.

"Hé, le bailli !"

Veinefer attrapa la pioche et fit taper le manche contre la paume de sa main avant de refermer ses doigts dessus… Il la sentait bien calée dans ses mains, elle n’allait pas glisser. Il leva l’outil et brusquement l’abattit sur le crâne d’un des deux hommes qui était au sol, le sang jaillissant d’un coup lors de l’impact mais sans plus coulait après. Là ! Oui, là ! Le goût du sang réveillait cette énergie grandiose qui le berçait de sensations exquises.

"Voilà ce qui arrive lorsqu’on vole les Dieux et qu’on refuse de se repentir !"

Toujours avec le sourire, il fit quelques pas jusqu’à l’autre corps et enfonça de nouveau la cognée de la pioche d’un coup sec dans un cadavre. Le crâne de celui-ci aussi explosa, peignant un peu plus l’engin. Cette fois-ci il dut s’aidait de son pied pour réussir à retirer l’arme, et il se dirigea vers le bailli en lui montrant bien l’objet couvert de sang.

"Delari, tiens le bien, je n’aimerai pas avoir à donner plus d’un coup s’il ne répond pas."